- Tu prends la première rue à droite, je suis sûre que c’est là, me dit Nad.
Mais comme d’habitude, avec mes mains qui s’emmêlent et qui ne savant pas distinguer droite et gauche, je prends la première rue à gauche, .
- A droite ! Que fais-tu ?
- Aaaaaarrrrrrrrrrgggggggggg^^^/^^^ ?!: ### ! !?
Bon, pas grave, je vais leur montrer ce qu’est un demi-tour réussi avec la P60 de mon pépé, le tank dont on m’a fait cadeau après le bac dans les années 70. Une machine qui boit du 14 litres aux 100 kilomètres, pas nerveuse pour deux sous, et qui en plus a besoin de bras bien musclés pour manier le volant.
- Tu fais pas ça ! rouspète Biche à l’arrière, parce que c’est sens interdit.
- Si, je fais ça ! J’ai plus de carburant les filles, si on traîne on rentre à pied.
Doum et Nad approuvent pendant que Biche regarde de tous les côtés. On ne sait jamais, à 4 heures du matin, il se pourrait bien que la circulation devienne intense tout d’un coup. Mais je me dépatouille à reculer, à avancer, à reculer encore. Pire qu’un cent mètres nage libre, je vous dis. Enfin, le carrefour, et ziiiiiiiiippppppp juste la rue d’en face.
- Sûre…euh ! un peu.
- Juste un peu qu’elle dit ! La jauge est à zéro depuis un moment. Qu’on trouve au moins une station ! Villeurbanne, je sais pas pourquoi ça me fiche la trouille.
- tu fais quoi ?
- Y-a un plan. On regarde où on est.
Et trois d’entre nous de s’extraire avec nos jolis escarpins et nos jupes virevoltantes. On s’interroge, on cherche, on trouve une avenue qu’on connaît. Ce serait bien de la rejoindre. Mais par où ? On va à droite ? à gauche ? Et si c’est cette rue plutôt que celle-là ? On commence à baliser, d’autant plus que des phares se pointent , on remonte vite dans la voiture. Doum dort, la veinarde ! En passant près de nous, une Diane sursaute dans laquelle deux têtes de gars tout étonnés nous matent. Personne n’en mène très large, je redémarre un peu sèchement quand je vois les ahuris faire demi-tour pour nous rejoindre. Ouf ! On les sème.
Pas tout à fait, quelques minutes plus tard, ils nous collent.
- Tu vas trop doux, fonce !
- Fonce ! Fonce ! Tu veux vraiment rentrer à pied, toi ?
- Attention ! c’est l’orange ! me crie Biche, alors que je m’apprêtais à brûler le feu.
Je freine avec force.Je ne sais pas pourquoi je dois être formatée aux ordres du code de la route. Un grand bruit à l’arrière, la Diane a percuté mon tank.
- Tu fais quoi ?
- Et toi tu ferais Quoi ? On les laisse là ?
Je regarde dans le rétro, deux beaux gosses totalement désarmés. Nous sortons toutes les quatre, sous le choc Doum s’est réveillée, et nous constatons l’état de leur voiture. Le devant totalement écrasé, les roues de travers, le moteur par terre. Elle n’a pas aimé rencontrer mon pare-chocs. La P60 est intacte comme d’habitude. Indestructible.
- Ben, je croyais que vous alliez grillé le feu ! nous dit le pauvre conducteur paniqué.
- Bon, on va pas rester là ! on vous amène à un garage mais on sait pas où en trouver.
- Moi je sais, dit l’autre.
On s’entasse dans ma limousine.Elle ne démarre pas. Panne d’essence. Et gros fous rires, parce que là vraiment, c’est trop ! Un rire qui secoue ma Roll’s, et pourtant il lui en faut beaucoup pour tanguer, je suis sûre qu’elle n’en a jamais connu d’aussi dense, d’aussi inextinguible, d’aussi phénoménal.
Quand on se calme, l’un des petits gars qui a de la ressource, pompe dans le réservoir de la Diane de quoi rejoindre les boulevards.
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