Tous les chemins mènent à Rome
Tous les chemins mènent à Rome, mais moi, je n’en suis pas si sûre ! Sans cesse je me perds, toujours je suis ailleurs ! J’ai l’impression étrange de n’être jamais là ! Vous dites me comprendre, mais moi, j’ai déjà fui !
J’ai un peu honte de le dire, mais déjà à l’école, je divaguais sans cesse. Les maîtres disaient de moi : « Mais, elle est encore dans la lune ! Revenez donc sur terre ! » Ou bien : « Allez-vous donc descendre de votre petit nuage ? Revenez parmi nous ! »
Alors, je tentais un instant de m’arracher à cet éparpillement qui m’habitait sans cesse. Je me faisais caillou, pierre qui ne roule pas, qui ouvre grand les yeux et les oreilles pour amasser la mousse de tous leurs beaux discours. Mais … si le vent soufflait, je me faisais tempête et la pierre bien vite partait à tire d’aile ! Si je voyais l’oiseau, j’imaginais le nid et l’arbre dans la cour et les feuilles veinées de la vigne accrochée aux murets !
Pas un seul, jamais, n’eut l’idée de s’inviter sur mes routes secrètes ! Pas un seul pour me dire : « Vous qui voyagez tant, faites nous visiter un instant vos châteaux en Espagne ! » Qui sait, peut-être m’eussent-ils trouvée sur la place St Pierre à Rome .