La peur n'éloigne pas le danger...
Ce soir, je suis seule. Mon mari, très occupé doit rester en province pour la soirée…La nouvelle est tombée, comme un couperet. J’ai su très vite que j’étais condamnée.
Tandis que le jour décline, l’angoisse monte peu à peu…
Je ferme les volets avant que la nuit tombe. La porte est verrouillée avant même le goûter…. J’enclenche le système d’alarme, et recharge consciencieusement mon téléphone portable, au cas où… …Ils couperaient la ligne…
Ce soir, je suis seule. Seule contre l’adversité. Seule contre toute la cruauté humaine, et les faits relatés dans les journaux que mon esprit effleure sans même vouloir toucher. Mon homme n’est pas un belliqueux, il ne leur ferait pas peur surtout s’ils sont nombreux.. d’ailleurs juste la présence de ma maman suffirait à calmer mes tourments mais là…là, je suis seule….
Gardant la tête haute devant mes trois enfants, j’ai continué mes activités quotidiennes et c’est courageusement que je suis descendue à la cave…
La machine à laver a avancé d’un mètre ! Quelqu’un est entré dans la maison !...peut être y est il encore ? j’appelle les parents… consciente du ridicule de la situation mais terrorisée tout de même, je leur décris le fait divers dont je suis la victime…
- Ce sont des choses qui arrivent souvent durant l’essorage, me dit maman - C’est vrai…qui viendrait juste dans mon sous-sol pour déplacer sans même la vider ma machine à laver !!?? N’empêche, je suis bouleversée. Je fais le tour de la cave, le cœur serré pour vérifier qu’un vendeur de chez Darty n’est pas venu m’égorger…
Et je remonte, les nerfs à vifs …pourquoi ce soir ?
Je vais sans doute, une fois les enfants couchés, restreindre mon périmètre, après avoir bien vérifié qu’il ne pouvait y avoir un homme caché dans chacune des pièces de ma trop grande maison.
Et seulement là…seulement là je vais boire un petit verre de vin…oh, rien de bien fort, il faut que je garde mes forces et surtout toute ma tête au cas où… Puis, je vais m’installer devant un film scrupuleusement sélectionné, afin d’éviter la violence gratuite qui pourrait me briser..
Je ne prendrai pas de livre, les pages que je tourne ne font pas assez de bruit pour cacher ceux de la maison. Je suis en équilibre précaire, le moindre bruissement non identifié risque de me faire sombrer.
Décidemment, je préfère quand il pleut… ce bruit constant m’est familier et me tient compagnie, un peu comme un vieil ami. Et puis par temps de pluie le voleur ne sort pas ou peu… après tout c’est un homme, il n’aime pas plus la pluie que nous...sans compter qu’il hésiterait à pénétrer chez moi les pieds mouillés…
Les oreilles aux aguets, toutes lumières allumées je finirai sans doute par aller me coucher.. Pourvu que les enfants ne se réveillent pas… je n’sais si je pourrais survivre à cela..
Ce soir je suis seule. J’ai prévenu les parents, ils faut qu’ils sachent…au cas où….Ils habitent loin d’ici, et c’est de Normandie qu’ils pourront ne pas intervenir si seulement…
Ce soir je suis seule. Je n’ai pas d’arme, même mon courage me fait défaut. Et s’ils rentraient…que ferions nous ? … J’ai prévu tout pour le cas où ils ne rentrent pas…mais s’ils rentraient ????
J’ai bien dormi. Il est sept heures. Qui a dit que la peur n’éloignait pas le danger ??? Ma frayeur irraisonnée, faute de me soulager l’a tout de même évitée.
Mapie
psychologie-de-femme-au-foyer