Tes pièces qu'au lycée on nous fit étudier
M'ont infligé parfois de pénibles souffrances.
Ton théâtre si beau, j'ai dû le répudier.
A cause d'un seul vers que tu plaças en tête
De tes méchants "Plaideurs", tu m'as gâché la fête !
Tu comprendras bientôt quand te l'aurai dit :
Dans ma vie tu as pourri le jour du vendredi !
Quelle idée t’as saisi de jouer les prophètes,
De proclamer si haut une phrase si bête :
"Tel qui rit vendredi dimanche pleurera" ?
Que tes restes enfin soient bouffés par les rats !
Tu sais bien que ces mots sont devenus proverbe.
Comme ils furent cruels quatre fois dans le mois !
Tu devais mieux jauger la portée de ton verbe,
Je ne les crois écrits méchamment que pour moi.
Que ces mots sont mauvais tout au long des semaines !
Si la joie me surprend par hasard ce jour là,
Je sais que le dimanche il n'y aura pas gala !
Tu m'as jeté le sort et l'enfer se déchaîne.
Et mon esprit tordu prend la chose à l'envers :
Je me dis bien souvent si vendredi je pleure,
Mon dimanche sera riant au moins une heure...
En pensant que je peux éviter les revers.
Je vais parfois très loin dans l'éternelle fuite,
Et si le vendredi le malheur ne vient pas
Je me flanque un grand coup de marteau sur les doigts !
Là, j'ai eu le pépin, les carottes sont cuites !
Bien cuites elles sont comme mes salsifis
Aplatis. Je m'écrie "j'ai sauvé mon dimanche" !
Tiens donc ! Ce fichu truc ne vaut pas un radis,
Le dimanche est mauvais, je n'ai pas la revanche.
A force de souffrir, j'ai compris ma folie.
Ne pouvant plus lutter contre la loi maudite,
Je bois le jeudi soir et je prends une cuite ;
Le vendredi je cuve au fond de mon grand lit...