« Les gens qu’on aime, on ne les rencontre pas , on les reconnaît » :Michel Boujenah
La pluie faisait encore des ricochets le long la chaussée tant cette dernière était mouillée, tandis qu’une bruine l’avait remplacée, vivifiante.
Le col du manteau relevé, je rejoignais le trottoir, étonnée de ne voir personne en cette fin de matinée.
Seul, un homme vêtu d’un trois-quarts gris tournait le dos, allure svelte, nuque rasée de près, élégant.
Il marchait sur le trottoir inverse d’un pas tranquille, indifférent à ce qui l’entourait, perdu sous le ciel gris, en trois-quarts gris, affrontant l’avenue dans une sorte de rêverie, toujours noyé par le gris.
Pourquoi me suis attardée à poursuivre sa route, comme si je le connaissais, peut-être même l’avais-je déjà connu, aussi je m’accrochais à sa démarche et à ses pas, que je voyais peu à peu s’éloigner.
J’effaçais de mon visage l’impression terne qui se dégageait, pour le réjouir de cet instant de présence évasive.
Son expression me projetait dans un pathétisme certain et j’aurai voulu qu’il se retourne pour s’apercevoir que derrière lui, quelqu’un l’attendait, quelqu’un rêvait, quelqu’un qui, peut-être se souvenait ?
Je rêvais, à ce qu’il puisse me donner de tendresse et d’affection, il était un homme de cœur, je le sentais.
Dos à dos nos chemins s’étaient croisés. Je crois que je l’ai aimé ..
Mais « les gens qu’on aime, on ne les rencontre pas, on les reconnaît ». (Michel Boujenah)
Lilounette
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