L’habit ne fait pas le moine
J'étudiais le violoncelle, au Conservatoire.
Un samedi soir ma vie s'illumina. J'étais au théâtre de notre ville où se produisait un quatuor à cordes que je n’avais jamais entendu jouer.
Dès son entrée, le violoniste attira mon attention. Silhouette émaciée, longues mains agiles et surtout une incroyable chevelure brune, bouclée à l'excès.
Je tombai amoureuse de cette chevelure dont les boucles folâtraient au rythme du tempo musical. Un coup d'oeil au programme me permit de nommer celui qui était déjà mon idole : Eduardo.
J'ai suivi le groupe partout où il se produisait. Dès qu'Eduardo entrait sur scène, mon cœur avait un moment d'arrêt, puis il cognait violemment, à contre-mesure souvent.
Mon professeur de violoncelle ne tarda pas à trouver un changement dans ma façon de jouer. Il m'en félicita. J'avais, selon lui, un jeu subtil, suave, passionné qui me manquait avant.
Ce n'était pas les cordes du violoncelle que je caressais, mais les cheveux d'Eduardo…
Il finit par me remarquer, Eduardo. Un jour, il me proposa de venir chez lui : il possédait des copies d'une partition rare. La ficelle me sembla un peu grosse… mais j'étais si heureuse !
Ce fut un gringalet aux cheveux raides qui m'ouvrit la porte.
Eduardo me présenta le freluquet.
Aline, voici Alban, mon ami.
Et, au cas où je n'aurais pas bien compris, d'un geste tendre, il entoura la taille de cet importun.
Ma romance s'arrêta net.
J'ai épousé un musicien. Il est chauve. Je préfère.
agnès