Ma cabane d’hiver
Par la fenêtre, je vois un paysage oublié se dessiner au travers d’un semblant de brume.
Plafond gris et terne, tissage de ciel évoquant une possibilité de neige. À moins que ce ne soit le désir qui fausse mon regard. J’aime les hivers blancs. C’est dans ces moments que j’aspire à la cabane en plein milieu des bois, à la solitude bercée par le souffle aux dents d’acier du vent qui s’échine à vouloir entrer. La saison d’hiver c’est le retour à la graine, le roulé en boule du calfeutrement pour économiser la chaleur, effort minimaliste et repli sur soi. Rien de mieux qu’une cabane en bois pour offrir ce retirement durant lequel la vie se ressource ou s’abandonne à l’ultime sommeil. Fermer les yeux près d’un poêle et se couler dans l’accueil de ces petites choses qui rythment un jour d’hiver désœuvré, le craquement des bûches, l’odeur des marrons grillés et le bonheur de tenir entre les mains un bol de thé brûlant. Délice que de glisser doucement dans la torpeur d’un rêve éveillé peuplé d’images sans importance pour bercer le corps et l’âme.
Et me voilà, attendant la neige, en haut de cet immeuble de hurlevent, faisant crépiter mes doigts sur le clavier de l’ordinateur, expérimentant la cabane dans cette dimension où je vis intensément tout ce que je viens d’évoquer.
Adamante